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Écho électoral 2023

ELECTION_RDC_2023. Des élections crédibles et apaisées le 20 décembre 2023 en RD Congo, vœu du Forum de Paix

En République Démocratique du Congo, les périodes électorales sont souvent émaillées des violences de tout genre. Certains candidats n’ayant pas convaincu leurs bases électorales respectives, se livrent aux propos haineux, voire discriminatoires et xénophobes, pour saper la réputation de leurs adversaires politiques. Face à ce fléau, l’ONG Forum de Paix est allée à la rencontre d’une vingtaine de candidats députés nationaux et provinciaux de la circonscription urbaine de Beni, pour recueillir leurs impressions par rapport aux attitudes à tenir pendant et après les élections de 2023 en faveur de la paix.

 

Peu avant le lancement des activités électorales, certains ambitieux se manifestaient déjà sur le terrain, en construisant des ouvrages (ponts, des hangars aux petits marchés…) ; les autres renforçaient leurs contacts avec différentes couches de la population. Il y en a qui s’étaient manifestés juste les jours de dépôt des dossiers à la Commission Électorale Nationale Indépendante.

 

Après la validation de leurs candidatures par la cour constitutionnelle, certains candidats députés, qu’au lieu de présenter leurs réalisations et visions, profèrent plutôt des propos discourtois à l’endroit de leurs adversaires. Pendant la campagne électorale, par exemple, certains candidats députés dépourvus des bonnes mœurs, ont engagé des brigands parmi lesquels des enfants, pour déchirer et arracher les effigies des autres candidats. Les états-majors de certains autres candidats, ont été mobilisés pour empêcher les activités de campagne des autres candidats.

 

Implication du Forum de Paix pour la prévention des violences électorales

Deux jours avant la date du début de la campagne électorale le 19 novembre 2023, le Forum de Paix a publié un communiqué de presse qu’il avait adressé respectivement à la justice, aux responsables des différents partis et/ou regroupements politiques ayant aligné des candidats, aux parents et aux chefs des établissements scolaires. A titre illustratif, à la justice le Forum de Paix lui avait recommandé d’activer ses machines pendant toute la période de campagne électorale, en déployant les policiers dans les activités des acteurs politiques, pour observer le strict respect des lois et du code de bonne conduite des acteurs politiques et leurs formations, qui règlementent la campagne électorale, et d’en tirer les conséquences du droit en cas de non observance de ceux-ci. Aux responsables des partis politiques, le Forum de Paix a suggéré de procéder régulièrement aux séances d’évaluation à mi-parcours avec les candidats et leurs équipes de campagne, afin de se rassurer de rester dans le strict respect des lois et du code de bonne conduite ; de former des brigadiers de surveillance, pour empêcher l’implication des enfants dans leurs activités politiques, de peur de tomber dans le joug du ministère public, et enfin aux parents et aux chefs des établissements scolaires, le Forum de Paix a demandé de redoubler la surveillance des mouvements des enfants sous leur contrôle, afin que ces derniers ne soient pas tenter d’intégrer les différentes caravanes de campagne électorale. https://www.forumdepaix.org/post/tolérance-zéro-contre-les-candidats-qui-violeront-la-loi-pendant-la-campagne-électorale

 

Après, le Forum de Paix a créé une fenêtre intitulée « écho électoral 2023 » dans son site www.forumdepaix.org où toutes les informations relatives aux activités électorales sont publiées. Mais aussi sur sa page YouTube, il a mis en place un programme qui a permis aux candidats députés nationaux et provinciaux de la circonscription de Beni Ville, de présenter leurs projets de société une fois élus http://www.youtube.com/@forumdepaix. Bien avant cela, un spot de sensibilisation, appelant tout le monde à cultiver l’esprit de Paix, a été publié via ce lien YouTube https://youtu.be/rfRVnMahISs?si=Tnd2JW94xHH5C1-u et diffusé par 15 radios émettant de Beni Ville et Territoire. Le 18 décembre, le Forum de Paix a recueilli les propos des quelques candidats à la députation. Tous ont été unanimes que la course électorale n’est qu’une compétition à courte durée qui ne peut pas diviser les adversaires. De surcroit, ils ont ému les vœux de voir ceux qui se livrent aux actions et paroles de violences, d’être sanctionné par le souverain primaire. Ils ont justifié que c’est par manque de vision que l’on se livre aux actions des violences et discours de haines. Les détails sur leurs déclarations, sont contenus dans ce lien https://youtu.be/7ze3UsFup8w?si=SXLPayDSTYKyBvRq. Enfin, ce 20 décembre, le Forum de Paix a déployé sur le terrain 87 enquêteurs/observateurs à Beni Ville et Territoire, pour surveiller geste par geste, incident par incident, qui se produira dans les centres et bureaux de vote. Les résultats obtenus de cette surveillance, feront objet d’un plaidoyer en forme des recommandations à toutes les instances nécessaires.

 

Service de communication

Alphonse Vikongo

Pour un processus électoral apaisé et transparent en 2023, Forum de Paix s’engage à sensibiliser les candidats et les électeurs, de cultiver la Paix.

Après les élections contestées de 2018 et les violences qui s’en étaient découlées, les élections de décembre 2023 sont une nouvelle opportunité pour consolider les progrès démocratiques  et trouver des nouvelles stratégies pour empêcher les violences cette fois-ci.

Au regard des enjeux électoraux actuels, caractérisés notamment par la divergence d’opinions dans la classe politique sur le choix du président de la CENI, de la composition de la cour constitutionnelle, l’intolérance et les préjugés dans les langages entre candidats et entre leurs familles politiques, à Beni, l’incertitude pour les élections libres et apaisées en décembre 2023 plane au détriment d’environ un million d’habitants de la Ville et du Territoire de Beni qui attendent impatiemment l’effectivité des élections qui les mettront à l’abri des violences.

Particulièrement, les acteurs de l’opposition sont confrontés à une répression accrue et à une commission électorale nationale indépendante (Ceni) qu’ils considèrent comme favorable au parti au pouvoir. Parallèlement, le risque des violences localisées est élevé. Un résultat présidentiel contesté, pourrait également conduire à une crise nationale, comme ce fut le cas en 2018, avec le slogan d’un côté « le président élu », et de l’autre « le président investi frauduleusement ». Ces choses risquent de se reproduire cette année, surtout avec les affrontements entre les membres des différents partis politiques ; la recrudescence des attaques des groupes armés ciblant les bureaux des votes ; les conflits violents dans les bureaux de vote si les agents de la Ceni ne respectent pas les droits des électeurs ou les obligent à payer pour pouvoir voter. Ces risques de violences avant, durant et après le scrutin à venir sont très élevés dans certaines zones dominées par l’insécurité ou des tensions politiques et sociales, particulièrement à Beni.

En outre, les tensions électorales pourraient aboutir à des affrontements entre les communautés qui s’opposent déjà sur les questions de gouvernance locale, d’utilisation des terres, aggravées par des discours incendiaires irresponsables, en ligne et hors ligne des certains acteurs politiques. Si les partis perdants ou leurs soutiens rejettent les résultats, une crise politique plus large pourrait éclater.

Par ailleurs, ceux dont la cour suprême de la justice a validé les résultats, n’arrivent pas aussi à honorer leurs promesses faites pendant les campagnes électorales. Ceci par ce qu’il n’existe pas des « mécanismes légaux de redevabilité des élus vis-à-vis de leurs électeurs ». Cela crée aussi des frustrations, voire des mépris dans l’esprit du peuple à l’égard de ses élus.

La recherche menée par le Forum de Paix en collaboration avec « Research Initiatives for Social Development et Peace Direct », intitulé « Acteurs de la vie politique et violences identitaires à Beni, RDC» et publié en octobre 2021[1], a démontré qu’à Béni et dans le Nord-Kivu, le recours à l’identité est une stratégie politique fréquemment utilisée par les acteurs locaux, nationaux et régionaux pour se positionner avantageusement dans le paysage politique. Malheureusement, cette stratégie se solde toujours par des violences entre les compétiteurs aux élections. Ceux qui tiennent le pouvoir cherchent par tous les moyens possibles  à le conserver le plus longtemps possible, et ceux qui prétendent n’être pas satisfaits par les résultats de la commission électorale nationale et indépendante, choisissent les voies illégales pour revendiquer la victoire, à lieu et place de privilégier : (1) la surveillance sérieuse des scrutins pour détenir toutes les preuves possibles de leur présumée victoire et (2) la procédure légale pour la saisine des cours et tribunaux qui traitent les contentieux électoraux. Du coup, les violences entre ces deux camps demeurent et entrainent d’énormes dégâts au sein des communautés.

C’est dans ces contextes à la fois (i) des tensions entre les politiques pendant le processus électoral à Beni et (ii) de l’insuffisance des mécanismes d’atténuation des violences avant, pendant et après les élections que le Forum de Paix, une organisation de la société civile dont l’objectif est de « contribuer aux actions de consolidation de la paix et du développement en RD Congo, ainsi que de rapprocher les gouvernants aux gouverner », s’est lancé depuis le début du mois de décembre 2023 à (1) sensibiliser les acteurs politiques et de la société civile sur les bonnes pratiques à appliquer pendant et après les élections, en leur parlant notamment des méthodes pacifiques de surveillance des scrutins et des procédures de saisine des cours et tribunaux en matière des contentieux électoraux, pour éviter des violences post électorales ; (2) fait le monitoring électoral pendant tout le processus des élections présidentielle et législative, en menant des plaidoyers chaque semaine auprès des partis politiques, de la CENI, du Gouvernement, de l’armée et de la police et des toutes autres personnes dont les résultats de monitoring identifient comme potentielles solutions aux niveaux local, provincial et national, pour, d’un côté, réduire ou empêcher l’escalade des violences et de l’autre, prévenir l’utilisation des enfants pour les fins électorales. Mais aussi, partager avec le CSNU les observations contenues dans un rapport global et de plaidoyer sur les défis et solutions dans la surveillance des élections par les organisations de la société civile après les élections ; et enfin (3) Faciliter les candidats députés nationaux et provinciaux à présenter directement chacun son projet de société au travers des interviews qui sont diffusées dans les différentes pages du site de Forum de Paix.

Les risques sociaux, politiques et sécuritaires que court la région de Beni si le Forum de Paix et les autres organisations de la société civile ne s’impliquent pas

Risques socio-économique : en cas de contestation des résultats d’élection en cours, cette situation mettra à mal le panier de la ménagère à Beni où depuis plusieurs années les habitants dénoncent la cherté de la vie à cause de l’insécurité causée par les groupes armés, conséquence de cette guerre qui a coupé la ville à plusieurs de ses villages qui l’approvisionnaient en denrées alimentaires. « Auparavant, j’achetais le sac de pomme de terre de 100 ou 150 kilos entre 50 et 70 dollars américains. Aujourd’hui, je l’achète à 100 dollars, parce que ceux qui cultivaient ont fui leurs villages. Et même s’ils ont quelques plantes dans leurs champs, ils ne peuvent pas faire la récolte à cause de la guerre ! Le kilo de pommes de terre, qui se revendait à 1 000 francs congolais, a presque doublé, à 1 750 francs ! Rien ne peut marcher parce qu'il y a la guerre. ». Ce qui est alarmant, c’est l’instabilité monétaire sur le marché congolais marqué par la perte de vitesse de la monnaie nationale face au dollar américain.

 

Le Forum de Paix pense qu’à travers ces quelques initiatives qu’il entreprend, le peuple saura faire des bons choix sur qui voter, qui pourra tenir compte de cette réalité socio-économique qui met à l’arrêt l’accroissement économique de la province, et particulièrement de la ville et le territoire de Beni

 

Sur le plan politique, bien qu’ils y aient majoritairement souscrit, les opposants restent méfiants à l’égard de l’ensemble du processus électoral. La rhétorique violente et les discours de plus en plus incendiaires des responsables congolais de l’opposition comme du pouvoir réduisent les perspectives d’un processus électoral pacifique. Certains responsables politiques n’hésitent plus à proférer des discours qui divisent, à évoquer des théories du complot, à instrumentaliser les questions d’identité et d’appartenance ethnique, devenues un terreau propice à la mobilisation politique au Nord-Kivu. La gestion sans consensus du processus électoral préalable accroît les risques de contestation du scrutin et de violences connexes, ce qui pourrait nuire à la stabilité du pays. Ces élections risquent d’aggraver les fractures dans ce pays marqué par des violences des groupes armés, des abus des forces de sécurité sur la population et par la montée des replis communautaires. En outre, le taux de participation à ces scrutins pourrait souffrir à la fois d’un contexte sécuritaire étouffant et d’une défiance persistante d’une partie de l’opposition, ce qui entamerait la légitimité du processus électoral ainsi que des élus qui en sortiront.

 

Grace à cette initiative, le Forum de Paix tente d’interpeller la conscience des leaders politiques de Beni, avec les lois et principes électoraux à l’appui, et de pousser la justice dans ses responsabilités, en cas de dérapage. Les notes de plaidoyer et les communiqués de presse, sont régulièrement élaborés pour attirer l’attention des uns comme des autres face aux éventualités.

 

Sur le plan sécuritaire, des contestations pourraient attiser ces conflits ou en susciter de nouveaux. D’autre part, les soupçons d’un scrutin inéquitable ou joué d’avance pourraient exacerber les tensions politiques ou intercommunautaires, voire dégénérer en violences de grande intensité, dans certaines régions, notamment à Beni. Il est donc important d’agir afin de réduire les risques de violence avant, pendant et après les scrutins, par ce qu’il s’observe déjà des discours incendiaires sur les réseaux sociaux et dans les rues, au travers les émissions-débats, etc.

 

Les mesures des mitigations du Forum de Paix face aux risques

Pour minimiser les risques liés à nos interventions pendant cette période de campagne, l’équipe dirigeante du Forum de paix veille toujours à ce que la sensibilité aux conflits et du Do No Harm soit la règle tout au long de cette intervention. Notre approche permettra de nous assurer que nos interventions ne contribuent pas involontairement aux conflits dans la région, mais permettent plutôt de renforcer les possibilités de paix et d'inclusion pendant cette période cruciale. Ainsi pour intégrer cette approche dans nos activités liées à cette intervention, l’équipe de recherche du Forum de Paix  fait des analyses préliminaires des contextes, notamment politique de la région de Beni, en suite s’efforce à comprendre l'interaction entre les interventions du Forum de Paix et le contexte, afin d’agir après cette compréhension, dans le but de minimiser les impacts négatifs et de maximiser les impacts positifs sur les conflits.

 

Justin MATETE

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